Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/450

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étoit de favoriſer la contrebande ou de la faire ſoi-même. Perſonne, en Amérique, ne réclamoit contre une conduite favorable à tous. Si les cris de quelques négocians Européens arrivoient juſqu’à la cour, ils étoient aisément étouffés par des largeſſes versées à propos ſur les maîtreſſes, ſur les confeſſeurs ou les favoris. Le coupable ne ſe mettoit pas ſeulement à l’abri de la punition, il étoit encore récompensé. Rien n’étoit ſi bien établi, ſi généralement connu que cet uſage. Un Eſpagnol qui revenoit du Nouveau-Monde où il avoit rempli un emploi important, ſe plaignoit à quelqu’un des bruits qu’il trouvoit ſemés contre l’honnêteté de ſon adminiſtration. « Si l’on vous calomnie, lui dit ſon ami, vous êtes perdu ſans reſſource : mais ſi l’on n’exagère pas vos brigandages, vous en ſerez quitte pour en ſacrifier une partie ; vous jouirez paiſiblement & même glorieuſement du reſte ».

Le commerce frauduleux continuera juſqu’à ce qu’on l’ait mis dans l’impoſſibilité de ſoutenir les frais qu’il exige, de braver les dangers auxquels il expoſe ; & jamais on y parviendra que par la diminution des droits, dont