Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/57

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les propriétés, & ſur-tout les propriétés héréditaires, comme des uſurpations de quelques membres de la ſociété ſur d’autres, ſe trouve réfuté par le ſort de toutes les inſtitutions où l’on a réduit leurs principes en pratique. Elles ont toutes misérablement péri, après avoir langui quelque tems dans la dépopulation & dans l’anarchie.

Si le Pérou n’eut pas cette deſtinée, ce fut vraiſemblablement, parce que les incas ne connoiſſant pas l’uſage des impôts, & n’ayant, pour ſubvenir aux beſoins du gouvernement, que des denrées en nature, ils durent chercher à les multiplier. Ils étoient ſecondés dans l’exécution de ce projet par leurs miniſtres, par les adminiſtrateurs inférieurs, par les ſoldats même, qui ne recevoient pour ſubſiſter, pour ſoutenir leur rang, que des fruits de la terre. De-là tant de ſoins pour les augmenter. Cette attention pouvoit avoir pour but principal de porter l’abondance dans les champs du ſouverain mais ſon patrimoine étoit ſi confusément mêlé avec celui des ſujets, qu’il n’étoit pas poſſible de fertiliſer l’un ſans fertiliſer l’autre. Les peuples encouragés par ces commodités, qui laiſſoient peu