Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/58

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de choſe à faire à leur induſtrie, ſe livrèrent à des travaux que la nature de leur ſol, de leur climat & de leurs conſommations rendoit très-légers. Mais malgré tous ces avantages ; malgré la vigilance, toujours active, du magiſtrat ; malgré la certitude de ne pas voir leurs moiſſons ravagées par un voiſin inquiet, les Péruviens ne s’élevèrent jamais au-deſſus du plus étroit néceſſaire. On peut aſſurer qu’ils auroient acquis les moyens de varier & d’étendre leurs jouiſſances, ſi des propriétés foncières, commerçables, héréditaires, avoient aiguisé leur génie.

Les Péruviens, à la ſource de l’or & de l’argent, ne connoiſſoient pas l’uſage de la monnoie. Ils n’avoient pas proprement de commerce ; & les arts de détail, qui tiennent aux premiers beſoins de la vie ſociale, étoient fort imparfaits chez eux. Toutes leurs ſciences étoient dans la mémoire, & toute leur induſtrie dans l’exemple. Ils apprenoient leur religion & leur hiſtoire par des cantiques, leurs devoirs & leurs profeſſions par le travail & l’imitation.

Leur légiſlation étoit ſans doute imparfaite & très-bornée, puiſqu’elle ſuppoſoit le prince