Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/67

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d’arbres, dont les fleurs étoient d’argent & les fruits d’or, & où l’œil trompé prenoit l’art pour la nature ; de ces champs de maïs, dont les tiges étoient d’argent & les épis d’or ; de ces bas-reliefs, où l’on auroit été tenté de cueillir les herbes & les plantes ; de ces habillemens couverts de grains d’or plus fins que la ſemence de perle, & dont les plus habiles orfèvres de l’Europe n’auroient pas égalé le travail. Nous ne dirons pas que ces ouvrages n’ont pas mérité d’être conſervés, parce qu’ils ne l’ont pas été. Si les ſtatuaires Grecs n’avoient employé dans leurs compoſitions que des métaux précieux, il eſt vraiſemblable que peu des chefs-d’œuvre de la Grèce ſeroient arrivés juſqu’à nous. Mais à juger de ce qui a péri par ce qui a été conſervé, on peut aſſurer que les Péruviens n’avoient fait nuls progrès dans le deſſin. Les vaſes échappés au ravage du tems pourront bien ſervir de preuve de la patience des Indiens, mais ne ſeront jamais des monumens de leur génie. Quelques figures d’animaux, d’inſectes d’or maſſif, long-tems conſervées dans le tréſor de Quito, n’étoient pas plus parfaites. On n’en pourra plus juger. Elles