Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/81

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inſtrumens de ces heureux troubles, réuniſſent plus de forces morales que les nations les plus nombreuſes. L’homme le plus capable eſt devenu le plus puiſſant, & chacun eſt étonné de ſe trouver à la place qui lui avoit été marquée par la nature.

Mais lorſque les diſſenſions ont une ſource impure ; lorſque des eſclaves ſe battent pour le choix d’un tyran, des ambitieux pour opprimer, des brigands pour partager les dépouilles ; la paix qui termine les horreurs eſt à peine préférable à la guerre qui les enfanta. Des criminels remplacent les juges qui les ont flétris & deviennent les oracles des loix qu’ils avoient outragées. On voit des hommes, ruinés par leurs profuſions & par leurs déſordres, inſulter par un faſte inſolent les vertueux citoyens dont ils ont envahi le patrimoine. Il n’y a dans ce cahos que les paſſions qui ſoient écoutées. L’avidité veut s’enrichir ſans travail, la vengeance s’exercer ſans crainte, la licence écartera tout frein, l’inquiétude tout renverſer. De l’ivreſſe du carnage, on paſſe à celle de la débauche. Le lit ſacré de l’innocence ou du mariage, eſt fouillé par le ſang, l’adultère