Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/115

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avec raiſon, ſon commerce anéanti par cette funeſte aliénation des droits de la nation entière en faveur d’une aſſociation. La province entre Duro & Minho, la plus fertile de l’état, ne fonda plus d’eſpérance ſur ſa culture. Le déſeſpoir porta les peuples à la sédition, & la sédition rendit cruel le gouvernement. Douze cens citoyens furent livrés au bourreau, condamnés aux travaux publics, relégués dans les forts d’Afrique, ou réduits à la mendicité par des confiſcations odieuſes.

Le 6 Juin 1755 fut formée, pour le grand Para & pour le Maragnan, une compagnie excluſive qui eut un capital de 3 000 000 l. divisé en douze cens actions. Quatre ans après, la province de Fernambue fut miſe ſous un joug pareil, avec cette différence, que cet autre monopole eut un fonds de 3 500 000 livres, qu’on partagea en trois mille quatre cens parties. Les deux ſociétés furent autorisées à gagner ſur les comeſtibles quinze pour cent, tous frais faits ; & à vendre leurs marchandiſes quarante-cinq pour cent de plus qu’elles n’auroient coûté à Liſbonne même. On leur laiſſoit la liberté de payer auſſi peu qu’elles le voudroient les denrées