Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ont imaginé de ſe faire porter dans des hamacs de coton. Mollement couchés ſur des carreaux de velours, entourés de rideaux de ſoie, qu’ils ouvrent ou ferment à leur gré, ces ſuperbes indolens changent de place avec moins de rapidité, mais plus voluptueuſement qu’on ne le fait ailleurs dans les chars les plus magnifiques.

Les femmes jouiſſent rarement de cette douce commodité. Chez un peuple ſuperſtitieux juſqu’au fanatiſme, à peine leur permet-on d’aller à l’égliſe, couvertes de leurs mantes, dans les plus grandes ſolemnités. Perſonne n’a la liberté de les voir dans l’intérieur de leurs maiſons. Cette contrainte, ouvrage d’une jalouſie effrénée, ne les empêche pas de former des intrigues, malgré la certitude d’être poignardées au moindre ſoupçon d’infidélité. Par un relâchement mieux raiſonné que le nôtre, les filles qui, ſans l’aveu de leurs mères, ou même ſous leur protection, ſe livrent à un amant, ſont traitées avec moins de sévérité. Mais ſi les pères ne parviennent pas à couvrir leur honte par un mariage, ils les abandonnent à l’infâme métier de courtiſanes. C’eſt ainſi que