Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/145

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s’enchaînent tous les vices de la corruption à la ſuite des richeſſes, ſur-tout quand, achetées par le ſang & par le meurtre, elles ne ſe conſervent pas dans le travail.

Le défaut de ſociété, que la séparation des deux ſexes entraîne néceſſairement, n’eſt pas le ſeul inconvénient qui trouble à Bahia les jouiſſances & les douceurs de la vie. L’hypocriſie des uns ; la ſuperſtition des autres ; l’avarice au-dedans & le faſte au-dehors ; une extrême molleſſe qui tient à l’extrême cruauté dans un climat où toutes les ſenſations ſont promptes & impétueuſes ; les défiances qui accompagnent la foibleſſe ; une indolence qui ſe repoſe entièrement ſur des eſclaves du ſoin des plaiſirs & des affaires : tous les vices, qui ſont épars ou raſſemblés dans les pays méridionaux les plus corrompus, forment le caractère des Portugais de Bahia. Cependant la dépravation des mœurs ſemble diminuer, depuis que l’ignorance n’eſt plus tout-à-fait la même. Les lumières, dont l’abus corrompt quelquefois des peuples vertueux, peuvent, ſinon épurer & réformer une nation dégénérée, du moins rendre le crime plus rare, jeter un vernis