Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/183

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à ſon arrivée en Europe, étoit remis au gouvernement qui retenoit, ſuivant un tant réglé, les diamans infiniment rares qui paſſoient vingt karats, & en livroit tous les ans, au profit de la compagnie, à un ou pluſieurs contractans réunis, quarante mille karats, à des prix qui ont ſucceſſivement varié. On s’étoit engagé, d’un côté, à recevoir cette quantité, de l’autre à n’en pas répandre davantage, & quel que fût le produit néceſſairement varié des mines, ce contrat ne reçut jamais d’atteinte.

Aujourd’hui, la cour jette dans le commerce ſoixante mille karats de diamans. C’eſt un ſeul négociant qui s’en ſaiſit & qui donne 3 120 000 liv. à raiſon de 25 liv. le karat. Si la fraude s’élève à un dixième, comme le penſent tous les gens inſtruits, ce ſera 312 000 liv. qu’il faudra ajouter à la ſomme touchée par le gouvernement. Il ſe trouvera que le produit de ces mines, dont on aime à exagérer la richeſſe, ne s’élève pas annuellement à plus de 3 432 000 livres. L’Angleterre & la Hollande achètent ces diamans bruts, & les fournirent plus ou moins bien taillés aux autres nations.