Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/202

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que celui-ci ne l’étoit des mines du Bréſil.

Tout ſe tient dans la nature & dans la politique. Il eſt difficile, impoſſible peut-être, qu’une nation perde ſon agriculture, ſon induſtrie, ſans voir tomber chez elle les arts libéraux, les lettres, les ſciences, tous les bons principes de police & d’adminiſtration. Le Portugal eſt une triſte preuve de cette vérité, Auſſi-tôt que la Grande-Bretagne l’eut condamné à l’inaction, il tomba dans une barbarie qui ne paroît pas croyable. La lumière qui brilloit dans l’Europe entière, n’arriva pas juſqu’à ſes portes. On vit même cette nation rétrograder, & s’attirer le mépris des peuples, dont elle avoit excité l’émulation & provoqué la jalouſie. L’avantage qu’eut cet état d’avoir des loix ſupportables, tandis que les autres états gémiſſoient dans une confuſion horrible : cet avantage ineſtimable ne lui a ſervi de rien. Il a perdu le fil de ſon génie dans l’oubli des principes de la raiſon, de la morale, de la politique. Les efforts qu’il pourroit faire, pour ſortir de cet état de paralyſie ou d’aveuglement, pourroient bien n’être pas heureux ; parce qu’il ſe trouve diffici-