Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/228

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mais la politique ſoupçonneuſe, inquiète & prévoyante de notre ſiècle, ne ſouffriroit que tous les tréſors du Nouveau-Monde fuſſent dans la même main, ni qu’une ſeule maiſon venant à dominer en Amérique, menaçât la liberté de l’Europe.

Cette sécurité ne devroit pas pourtant engager la cour de Liſbonne à pouſſer la négligence auſſi loin qu’elle le faiſoit, lorſqu’elle ſe repoſoit de ſa défenſe ſur les armes Britanniques, ou que ſon indolence s’endormoit ſur celle de ſes voiſins. Comme elle n’avoit ni forces de terre, ni forces de mer, elle étoit comptée pour rien dans le ſyſtême politique ; ce qui eſt le dernier des opprobres pour un empire. Veut-elle regagner de la confédération ? il faudra qu’elle ſe mette en état de ne pas craindre la guerre, qu’elle la faſſe même, ſi ſes droits ou ſa sûreté l’exigent. Ce n’eſt pas toujours un avantage pour une nation de demeurer en paix, lorſque tous les peuples ſont en armes. Dans le monde politique, comme dans le monde phyſique, un grand événement a des effets très-étendus. L’élévation ou la ruine d’une puiſſance, intéreſſent toutes les autres. Celles mêmes qui ſont les