Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/235

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humaine en général, ſoit dans le caractère particulier des navigateurs, ſoit dans les circonſtances antérieures ou poſtérieures à l’événement.

On ſe demande ſi l’homme une fois affranchi, par quelque cauſe que ce ſoit, de la contrainte des loix, n’eſt pas plus méchant que l’homme qui ne l’a jamais ſentie. Des êtres aſſez mécontens de leur ſort, aſſez dénués de reſſources dans leur propre contrée, aſſez indigens ou aſſez ambitieux pour dédaigner la vie & s’expoſer à des dangers, à des travaux infinis ſur l’eſpérance vague d’une fortune rapide, ne portoient-ils pas au fond de leurs cœurs le germe fatal d’une déprédation qui dut ſe développer avec une célérité & une fureur inconcevables, lorſque ſous un autre ciel, loin de toute vindicte publique & des regards impoſans de leurs concitoyens, ni la pudeur, ni la crainte n’en arrêtèrent pas les effets ? L’hiſtoire de toutes les ſociétés ne nous prouve-t-elle pas que l’homme à qui la nature a accordé une grande énergie, eſt communément un ſcélérat ? Le péril d’un long séjour, la néceſſité d’un prompt retour ſe joignant au déſir de