Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

juſtifier les dépenſes de l’entrepriſe par l’étalage de la richeſſe des contrées découvertes, n’en durent-ils pas occaſionner & accélérer la dépouille violente ? Les chefs de l’entrepriſe & leurs compagnons, tous également effrayés des dangers qu’ils avoient courus, de ceux qui leur reſtoient à courir, des misères qu’ils avoient ſouffertes, ne pensèrent-ils pas à s’en dédommager comme des gens réſolus à ne s’y pas expoſer une ſeconde fois ? L’idée de fonder des colonies dans ces régions éloignées & d’en accroître le domaine de leur ſouverain, ſe préſenta-t-elle jamais bien nettement à l’eſprit d’aucun de ces premiers aventuriers ; & le Nouveau-Monde ne leur parut-il pas plutôt une riche proie qu’il falloit dévorer, qu’une conquête qu’il falloit ménager ? Le mal, commencé par cet atroce motif, ne ſe perpétua-t-il pas tantôt par l’indifférence des miniſtres, tantôt par les diviſions des peuples de l’Europe ; & n’étoit-il pas conſommé, lorſque le tems du calme amena nos gouvernemens à des vues plus ſolides ? Les premiers députés à qui l’on confia l’inſpection & l’autorité ſur ces contrées, avoient-ils, pouvoient-ils avoir