Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/263

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ruſe d’un printems éternel, la nudité des plus triſtes hivers. Des arbres auſſi anciens que le monde ſont déracinés ou leurs débris diſpersés. Les plus ſolides édifices n’offrent en un moment que des décombres. Où l’œil ſe plaiſoit à regarder des côteaux riches & verdoyans, on ne voit plus que des plantations bouleversées & des cavernes hideuſes. Des malheureux dépouillés de tout, pleurent ſur des cadavres, ou cherchent leurs parens ſous des ruines. Le bruit des eaux, des bois, de la foudre & des vents qui tombent & ſe briſent contre les rochers ébranlés & fracaſſés ; les cris & les hurlemens des hommes & des animaux pêle-mêle emportés dans un tourbillon de ſable, de pierres & de débris : tout ſemble annoncer les dernières convulſions & l’agonie de la nature.

Cependant ces ouragans amènent des récoltes plus abondantes, & hâtent les productions de la terre. Soit que de ſi violentes agitations ne déchirent ſon ſein que pour le préparer à la fécondité, ſoit que l’ouragan charrie quelques matières propres à la végétation des plantes ; on a remarqué que ce déſordre apparent & paſſager étoit