Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/271

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d’autres climats. Ils regardoient leurs femmes plutôt comme leurs eſclaves que comme leurs compagnes, ne leur permettaient pas de manger avec eux, avoient uſurpé le droit de les répudier, ſans leur laiſſer celui de changer d’engagement. Elles-mêmes ſe ſentaient nées pour obéir, & ſe réſignoient à leur deſtinée.

Du reſte, le goût de la domination n’affectoit guère l’âme des Caraïbes. Sans diſtinction de rang, ils étoient tous égaux. Leur ſurpriſe fut extrême, lorſqu’ils remarquèrent de la ſubordination entre les Européens. Ce ſyſtême bleſſoit ſi fort leurs idées, qu’ils regardoient comme des eſclaves ceux qui avoient la lâcheté de recevoir des ordres & de les exécuter. Si les femmes étoient ſoumiſes chez eux, c’étoit une ſuite naturelle de la foibleſſe de leur ſexe. Mais comment, mais pourquoi les hommes les plus robuſtes ſervoient-ils les moins forts ? Comment un ſeul commandoit-il à tous ? La guerre, la fourberie & la ſuperſtition ne leur avoient pas encore réſolu ce problème.

Un peuple qui ne connoiſſoit ni l’intérêt, ni l’orgueuil, ni l’ambition, ne devoit pas