Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/275

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poiſonnées. Au retour de l’expédition, d’autant plus promptement finie, que l’antipathie la rendoit plus cruelle & plus vive, les ſauvages retomboient dans leur inaction.

Les Eſpagnols, malgré l’avantage de leurs armes, ne firent pas long-tems la guerre à ce peuple, & ne la firent pas toujours avec ſuccès. D’abord ils ne cherchoient que de l’or. Depuis ils cherchèrent des eſclaves : mais n’ayant pas trouvé des mines, & les Caraïbes ſi fiers & ſi mélancoliques mourant dans l’eſclavage, les Eſpagnols renoncèrent à des conquêtes qu’ils jugeoient de peu de valeur, & qu’ils ne pouvoient ni faire, ni conſerver, ſans des guerres continuelles & ſanglantes.

VII. Les Angloîs & les François s’établirent aux iſles du vent, ſur la ruine des Caraïbes.

Les Anglois & les François inſtruits de ce qui ſe paſſoit, haſardèrent quelques foibles armemens pour intercepter les vaiſſeaux Eſpagnols qui alloient dans ces parages. Les ſuccès multiplièrent les corſaires. La paix qui régnoit ſouvent en Europe, n’empêchoit pas les expéditions. L’uſage où étoit l’Eſpagne d’arrêter tous les bâtimens qu’elle trouvoit au-delà du tropique, juſtifioit ces pirateries.

Les deux peuples fréquentoient depuis