Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/291

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jours ſans eau & ſans ſubſiſtances. Épuisées par les chaleurs exceſſives du climat, découragées par la lâcheté, la méſintelligence de leurs officiers, elles ne diſputèrent ſeulement pas la victoire aux Eſpagnols. On avoit regagné les vaiſſeaux, qu’on ſe croyoit à peine en sûreté.

Cependant la mauvaiſe fortune rapprocha des eſprits aigris. L’Anglois, qui n’avoit pas contracté l’habitude de l’humiliation, ramené par ſes fautes même à l’amour de la patrie, du devoir, & de la gloire, prit la route de la Jamaïque, déterminé à périr ou à en faire la conquête.

Les habitans de cette iſle ſoumiſe à l’Eſpagne depuis 1509, ignoroient les événemens qui venoient de ſe paſſer à Saint-Domingue, ne ſavoient pas même qu’il y eût un ennemi de leur nation dans les mers voiſines. Auſſi les aſſaillans firent-ils leur débarquement ſans le moindre obſtacle. Ils marchoient fièrement à l’aſſaut de Sant-Iago, le ſeul poſte fortifié de la colonie ; lorſque le gouverneur ralentit leur ardeur par un projet de capitulation. La diſcuſſion des articles adroitement prolongée, donna le tems