Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/292

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aux colons de tranſporter dans des lieux cachés ce qu’ils avoient de plus précieux. Eux-mêmes, ils ſe réfugièrent dans des montagnes inacceſſibles, n’abandonnant au vainqueur qu’une ville déſerte, ſans meubles, ſans tréſors & ſans proviſions.

Cette ruſe remplit les Anglois de rage. Ils envoyèrent des détachemens de tous les côtés, avec ordre de tout exterminer. Le chagrin de voir revenir ces partis ſans avoir rien trouvé ; la privation de toutes les commodités plus ſenſible pour ce peuple que pour les autres ; la mortalité qui augmentait tous les jours ; la crainte d’être attaqué par toutes les forces du Nouveau-Monde : ces cauſes réunies faiſoient demander à grands cris un prompt retour en Europe. On alloit s’expoſer aux reproches flétriſſans de la nation par un lâche abandon d’une auſſi belle proie que la Jamaïque, ſi l’on n’eût enfin découvert les prairies où les fugitifs avoient conduit leurs nombreux troupeaux. Ce bonheur ineſpéré changea les diſpoſitions ; & les Anglois prirent la réſolution d’achever leur conquête.

L’activité que cette nouvelle détermina-