Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/293

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tion avoit inſpirée, fit ſentir aux aſſiégés qu’ils ne ſeroient pas en sûreté dans les forêts & les précipices où ils s’étoient cachés. D’une voix unanime, ils convinrent de s’embarquer pour Cuba. Reçus dans cette iſle avec l’ignominie que méritoit la foibleſſe de leur défenſe, on les renvoya dans celle qu’ils avoient quittée, mais avec des ſecours inſuffiſans contre les forces qu’il falloit combattre. Par un ſentiment de cet honneur qui, chez la plupart des hommes, eſt plutôt crainte de la honte qu’amour de la gloire, ils firent une réſiſtance plus opiniâtre qu’on ne devoit l’attendre de leur peu de reſſources. Ce ne fut qu’à l’extrémité qu’ils évacuèrent une iſle importante, qui a fait depuis ce moment une partie très-précieuſe des poſſeſſions Britanniques dans le Nouveau-Monde.

X. Les Flibuſtiers déſolent les mers d’Amérique. Origine, mœurs, expéditions, décadence de ces corſaires.

Avant que les Anglois fuſſent établis à la Jamaïque, & les François à Saint-Domingue, des corſaires des deux nations, ſi célèbres depuis ſous le nom de Flibuſtiers, avoient chaſſé les Eſpagnols de la petite iſle de la Tortue, ſituée à deux lieues de celle de Saint-Domingue, s’y étoient for-