Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/297

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& mauvais navires. On fait ſortir du port deux vaiſſeaux de guerre pour combattre ces forbans & les amener vifs ou morts. L’eſpoir des Eſpagnols eſt ſi bien trompé, qu’ils ſont faits priſonniers eux-mêmes. Le vainqueur retient les bâtimens : mais il en renvoie les équipages avec une dériſion qui ajoute beaucoup d’amertume à une défaite en elle même ſi humiliante.

Michel & Brouage, inſtruits qu’on vient d’embarquer à Carthagène, ſous pavillon étranger, des richeſſes conſidérables, pour les ſouſtraire à leurs rapines, attaquent les deux navires chargés de ces tréſors & les en dépouillent. Bleſſés de ſe voir ainſi vaincus par des bâtimens ſi inférieurs aux leurs, les capitaines Hollandois oſent dire en face au premier de ces aventuriers, que ſeul il n’auroit pas osé ſe commettre avec eux. Recommençons le combat, répond fièrement le Flibuſtier ; mon compagnon reſtera tranquille ſpectateur de l’action. Si je vous bats encore, les vaiſſeaux ſeront miens auſſi. Loin d’accepter le défi, les prudens républicains s’éloignent au plus vite, craignant, pour peu qu’ils s’arrêtent, de n’être pas les maîtres de le refuſer.