Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/307

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publièrent qu’ils partoient enſemble pour l’exécution d’un grand projet ; & quatre cens quarante hommes les joignirent. Ce corps, le plus nombreux qu’euſſent encore formé les Flibuſtiers, ſe porta ſur la baie de Venezuela, qui s’enfonce cinquante lieues dans les terres. Le fort qui en défendoit l’entrée fut emporté, le canon encloué, & la garniſon de deux cens cinquante hommes paſſée au fil de l’épée. On ſe rembarque, on arrive à Maracaïbo, bâtie ſur la rive occidentale du lac de ce nom, à dix lieues de ſon embouchure. Cette ville, enrichie par ſon commerce de cuirs, de tabac & de cacao, étoit abandonnée. Les habitans s’étoient retirés avec leurs effets, à l’autre côté de la baie. Si les Flibuſtiers n’avoient pas perdu quinze jours dans la débauche, ils auroient trouvé à Gibraltar, vers l’extrémité du lac, ce qu’on vouloit ſouſtraire à leur avidité. Mais ils n’y rencontrèrent que des retranchemens nouvellement conſtruits, qui leur coûtèrent beaucoup de ſang pour une victoire inutile. Déjà tous les effets précieux en avoient été tranſportés plus loin. Dans leur dépit, ils brûlent Gibraltar. Maracaïbo auroit