ſubi le même ſort, s’il n’eut été racheté. Avec le prix de ſa rançon, ils emportèrent de cette place les croix, les tableaux, les cloches, dans le deſſein, diſoient-ils, de bâtir une chapelle dans l’iſle de la Tortue, & d’y conſacrer cette partie de leur butin. Telle étoit la religion de ces hommes féroces, qui ne pouvoient offrir au ciel que leurs rapines & leurs brigandages.
Tandis qu’ils diſſipoient follement les dépouilles de la côte de Venezuela, Morgan, le plus accrédité des Flibuſtiers Anglois, partait de la Jamaïque pour attaquer Porto-Belo. Ses meſures étoient ſi bien concertées, qu’il ſurprit la ville, & s’en rendit maître ſans combattre. Pour entrer avec la même facilité dans les forts, il fit appliquer les échelles par les femmes & par les prêtres, perſuadé que la galanterie & la ſuperſtition des Eſpagnols ne leur permettroient pas de tirer ſur ce qu’ils aimoient, ſur ce qu’ils reſpectoient le plus. Mais la garniſon ayant réſiſté à ce piège, il fallut la vaincre de force ; & l’on acheta par beaucoup de ſang les tréſors qui furent emportés de ce port célèbre.
Une conquête encore plus importante,