Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/32

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IV. La cour de Liſbonne partage le Bréſil entre pluſieurs grands ſeigneurs.

L’opinion du miniſtère devint celle de la nation. Avant tous les autres, les grands ſeigneurs s’animèrent de ce nouvel eſprit. Le gouvernement accorda ſucceſſivement à ceux d’entre eux qui le demandoient, la liberté de conquérir un eſpace de quarante ou cinquante lieues ſur les côtes, avec une extenſion illimitée dans l’intérieur des terres. Leur charte les autoriſoit à traiter le peuple aſſujetti de la manière qui leur conviendrait. Ils pouvoient diſpoſer du ſol envahi, en faveur des Portugais qui le voudraient mettre en valeur, ce qu’ils firent la plupart, mais pour trois vies ſeulement & moyennant quelques redevances. Ces grands propriétaires devoient jouir de tous les droits régaliens. On n’en excepta que la peine de mort, que la fabrication des monnoies, que la dixme des productions : prérogatives que la couronne ſe réſerva. Pour perdre des fiefs ſi utiles & ſi honorables, il falloit négliger de les cultiver, les laiſſer ſans défenſe, n’avoir point d’enfant mâle, ou ſe rendre coupable de quelque crime capital.

Ceux qui avoient ſollicité & obtenu ces provinces s’attendoient bien à s’en mettre