en poſſeſſion, ſans beaucoup de dépenſe pour eux, ſans de grands dangers pour leurs lieutenans. Ils fondoient principalement leur eſpérance ſur l’inertie des petites nations qu’il falloit dompter.
V. Caractères & uſages des peuples qu’on vouloit aſſujettir à la domination Portugaiſe.
L’homme, ſans doute, eſt fait pour la ſociété. Sa foibleſſe & ſes beſoins le démontrent. Mais des ſociétés de vingt à trente millions d’hommes ; des cités de quatre à cinq cens mille âmes : ce ſont des monſtres dans la nature. Ce n’eſt point elle qui les forme. C’eſt elle au contraire qui tend ſans ceſſe à les détruire. Elles ne ſe ſoutiennent que par une prévoyance continue & par des efforts inouïs. Elles ne tarderoient pas à ſe diſſiper, ſi une portion conſidérable de cette multitude ne veilloit à leur conſervation. L’air en eſt infecté ; les eaux en ſont corrompues ; la terre épuisée à de grandes diſtances ; la durée de la vie s’y abrège ; les douceurs de l’abondance y ſont peu ſenties ; les horreurs de la diſette y ſont extrêmes. C’eſt le lieu de la naiſſance des maladies épidémiques ; c’eſt la demeure du crime, du vice, des mœurs diſſolues. Ces énormes & funeſtes entaſſemens d’hommes ſont encore un des