Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/325

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ſi les Flibuſtiers vouloient la ſeconder ; & ils s’y engagèrent pour plaire à Ducaſſe, gouverneur de Saint-Domingue, qui étoit leur idole & qui méritoit de l’être.

Ces hommes, dont rien n’arrêtoit l’audace, firent encore plus qu’on n’attendoit d’eux. Ils ne virent pas plutôt un commencement de brèche aux fortifications de la ville baſſe, qu’ils montèrent à l’aſſaut & plantèrent leurs drapeaux ſur la muraille. D’autres ouvrages furent emportés avec la même intrépidité. La place ſe rendit, & ſa ſoumiſſion fut l’ouvrage des Flibuſtiers.

Des forfaits de tous les genres ſuivirent cet événement. Le général, homme injuſte, avare & cruel, viola la capitulation dans tous les points. Quoique la crainte d’une armée qui ſe formoit dans l’intérieur des terres l’eût fait conſentir à laiſſer aux habitans la moitié de leurs richeſſes mobiliaires, tout fut abandonné au plus horrible brigandage. Les officiers furent les premiers voleurs. Ce ne fut qu’après qu’ils ſe furent gorgés de pillage, qu’il fut permis aux ſoldats de fouiller les maiſons. Pour les Flibuſtiers, on les occupoit, hors de la ville, pendant qu’on s’emparoit de l’or.