Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/326

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Pointis prétendit que le butin ne paſſoit pas ſept ou huit millions de livres. Ducaſſe le portait à trente & d’autres à quarante. Quel qu’il fût les Flibuſtiers, ſelon leurs conventions, en devoient avoir le quart. Cependant il leur fut ſignifié que leur profit ſe réduiſoit à quarante milles écus.

On avoit mis à la voile, lorſque cette propoſition fut faite aux hommes intrépides qui avoient décidé la victoire. Indignés d’un traitement qui bleſſoit ſi viſiblement leurs droits & leurs eſpérances, ils réſolurent d’aborder ſur le champ le ſceptre que montoit Pointis, trop éloigné dans ce moment des autres vaiſſeaux, pour être ſecouru à tems. Cet infâme commandant alloit être maſſacré, quand un des mécontens s’écria : Frères, pourquoi nous en prendre à ce chien ? il n’emporte rien à nous. Il a laiſſé notre part à Carthagène, c’eſt-là qu’il la faut aller chercher. Cette propoſition eſt reçue avec acclamation. Une joie féroce ſuccède tout-à-coup au noir chagrin qui dévoroit ces brigands ; & ſans délibérer davantage, tous leurs bâtimens cinglent vers la ville.

Reçus dans la place ſans oppoſition, les