Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/349

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« Mais, dira-t-on, pour un homme ſage qui répand la lumière, il ſe trouve des écrivains ſans nombre, qui, ſoit par mécontentement des gens en place, ſoit pour flatter le goût de la nation, ſoit pour des raiſons perſonnelles, ſe plaiſent à émouvoir les eſprits. Le moyen qu’ils emploient le plus ordinairement, eſt de porter les prétentions de leur pays au-delà de leurs juſtes bornes, de lui faire enviſager comme des uſurpations manifeſtes, les moindres précautions que prennent les autres puiſſances pour conſerver leurs poſſeſſions. Ces exagérations remplies de partialité & de fauſſeté, répandent des opinions, établiſſent des préjugés, dont l’effet ordinaire eſt d’entretenir la nation dans un état de guerre perpétuelle avec ſes voiſins. Si le gouvernement qui voudroit tenir une balance de juſtice entre ſes ſujets & les étrangers, refuſe de ſe conduire par des erreurs populaires, il s’y voit forcé ».

La liberté de la preſſe produit, ſans doute, ces inconvéniens : mais ils ſont ſi frivoles, ſi paſſagers, en comparaiſon des avantages,