Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/359

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puiſſance qui, ſeule, pût oſer l’attaquer ; & que les événemens de la dernière guerre, les arrangemens de la dernière paix, avoient rendu la réunion de pluſieurs puiſſances impoſſible. Mille petites craintes toutes frivoles, la fatiguoient. Ses préjugés l’empêchèrent de ſentir qu’elle n’avoit qu’un ennemi réellement digne de ſon attention, & que cet ennemi ne pouvoit être contenu que par de nombreuſes flottes.

Les Anglois, plus portés à s’affliger de la proſpérité d’autrui qu’à jouir de la leur, ne veulent pas ſeulement être riches : ils veulent être les ſeuls riches. Leur ambition eſt d’acquérir, comme celle de Rome étoit de commander. Ils ne cherchent pas proprement à étendre leur domination, mais leurs colonies. Toutes leurs guerres ont pour but leur commerce ; & le déſir de le rendre excluſif leur a fait faire de grandes choſes & de grandes injuſtices ; & les met dans la cruelle néceſſité de continuer à faire de grandes choſes & de grandes injuſtices. Les nations ne ſe laſſeront-elles jamais de cette eſpèce de tyrannie qui les brave & les avilit ? reſteront-elles éternellement dans cet état