Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/37

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mais celle de leurs petites ſociétés l’étoit quelquefois par des devins qui avoient ſurpris leur crédulité. De tems en tems, on maſſacroit ces impoſteurs, ce qui arrêtoit un peu l’eſprit de menſonge.

Les notions de dépendance & de ſoumiſſion, qui dérivent ſpécialement parmi nous de la connoiſſance d’un être créateur, n’étoient pas arrivées juſqu’à ces peuples. Cet aveuglement & l’ignorance où ils vivoient de ce qui devoit conſtituer une ſociété raiſonnablement ordonnée, avoient écarté de leurs déſerts tout principe de gouvernement. Jamais ils n’avoient conçu qu’un homme, quel qu’il fut, pût acquérir le droit ou former la prétention de commander à d’autres hommes.

De même que la plupart des peuples ſauvages, les Bréſiliens ne marquoient aucun attachement pour les lieux qui les avoient vus naître. L’amour de la patrie, qui eſt une affection dominante dans les états policés ; qui, dans les bons gouvernemens, va juſqu’au fanatiſme & dans les mauvais paſſe en habitude ; qui conſerve à chaque nation pendant pluſieurs ſiècles, ſon caractère, ſes