Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/380

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ſance, qu’elle paroiſſoit diſposée à ſe ſoumettre à la première ſommation qui lui ſeroit faite.

La cour de Verſailles fut également étonnée & conſternée des pertes qu’elle venoit de faire, de celles qu’elle prévoyoit. Elle s’étoit attendue à une réſiſtance opiniâtre, inſurmontable même. Les deſcendans des braves aventuriers qui avoient formé ces colonies, lui paroiſſoient un rempart contre lequel toutes les forces Britanniques devoient ſe briſer. Il s’en falloit peu qu’elle n’eût une joie ſecrète, de ce que les Anglois dirigeoient leurs efforts de ce côté-là, Le miniſtère avoit inſpiré ſa confiance à la nation, & c’étoit être mauvais citoyen, que d’oſer montrer quelques inquiétudes.

Il doit être permis aujourd’hui de dire, que ce qui eſt arrivé arrivera toujours. Un peuple, dont toute la fortune conſiſte dans des champs & des pâturages, défendra, s’il a de l’honneur, ſes poſſeſſions avec courage. Il ne haſarde tout au plus que la récolte d’une année ; & un revers, quel qu’il ſoit, ne le ruine pas. Il n’en eſt pas ainſi des cultivateurs de ces colonies opulentes.