Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/402

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

accabler d’invectives. Le peuple échauffé par le bruit des ſpectacles effrayans qu’on offroit ſans ceſſe à ſon imagination, déſiroit de voir finir ces barbaries.

D’un autre côté, les habitans des colonies à ſucre, contens de faire leur commerce & une partie de celui des ennemis, étoient fort tranquilles. Loin de déſirer la conquête des établiſſemens de leurs voiſins, ils la craignoient ; parce qu’ils la regardoient, quoique avantageuſe à la nation, comme la ruine de leurs propres affaires. Les terres des François ont tant de ſupériorité ſur celles des Anglois, qu’il étoit impoſſible de ſoutenir la concurrence. Leurs aſſociés penſoient comme eux, & imitoient leur modération.

Il réſulta d’une conduite ſi opposée, que la nation indifférente pour les colonies à ſucre, déſira vivement l’acquiſition de ce qui lui manquoit dans l’Amérique Septentrionale. Qu’on ſe peigne la ſituation d’un homme éclairé, qui ſent tous les avantages d’un projet auquel les idées fauſſes d’une multitude aveugle le forcent de renoncer, pour ſe livrer de préférence à des vues inſensées qui