Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/406

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ces régions qui ne demandent que des habitans juſtes & policés, pour les rendre heureux. On y auroit ſur-tout appelé de ces payſans du Nord, eſclaves de la nobleſſe qui ne fait que les fouler ; de ces Ruſſes qu’on emploie comme le fer à mutiler le genre-humain, au lieu de bêcher & féconder la terre. Il en auroit péri ſans doute un grand nombre dans ces tranſmigrations par de vaſtes mers en des climats nouveaux : mais c’eût été, ſans comparaiſon, un moindre fléau que celui d’une tyrannie lente & raffinée, qui ſacrifie tant de peuples à ſi peu d’hommes. Enfin, les Anglois ſeroient bien plus glorieuſement occupés à ſoutenir & favoriſer une ſi heureuſe révolution, qu’à ſe tourmenter eux-mêmes pour une liberté que tous les rois leur envient & tâchent de ſaper au-dedans & au-dehors.

Ô ſouhait vainement juſte & humain, qui ne laiſſe que des regrets à l’âme qui l’a formé ! Faut-il que les ſoupirs de l’homme vertueux pour la proſpérité du monde, périſſent ; tandis que ceux de l’ambitieux, de