Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/46

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placable. Quelquefois même on s’arrêtoit pour écouter des harangues emportées qui duroient des heures entières. Elles rendoient vraiſemblables celles qu’on lit dans Homère & dans les hiſtoriens Romains. Alors le bruit de l’artillerie n’étouffoit pas la voix des généraux.

Les combattans étoient armés d’une maſſue de bois d’ébène, qui avoit ſix pieds de long, un de large, & un pouce d’épaiſſeur. Leurs arcs & leurs flèches étoient du même bois. Ils avoient pour inſtrumens de muſique guerrière, des flûtes faites avec les oſſemens de leurs ennemis. Elles valoient bien, pour inſpirer le courage, nos tambours qui étourdiſſent ſur le danger, & nos trompettes qui donnent le ſignal & peut-être la peur de la mort. Leurs généraux étoient les meilleurs ſoldats des guerres précédentes.

Les premières attaques ne ſe faiſoient jamais à découvert. Chaque armée cherchoit à ſe ménager les avantages d’une ſurpriſe. Rarement combattoit-on de pied ferme. L’ambition ſe réduiſoit à faire des priſonniers. Ils étoient égorgés & mangés avec appareil. Durant le feſtin, les anciens exhor-