Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/47

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ſoient les jeunes gens à devenir guerrière intrépides, pour ſe régaler ſouvent d’un mets ſi honorable. Cet attrait pour la chair humaine ne faiſoit jamais dévorer ceux des ennemis qui avoient péri dans l’action. Les Bréſiliens ſe bornoient à ceux qui étaient tombés vifs dans leurs mains.

Le ſort des priſonniers de guerre a ſuivi les différens âges de la raiſon. Les nations les plus policées les rançonnent, les échangent ou les reſtituent, lorſque la paix a ſuccédé aux hoſtilités. Les peuples, à demi-barbares, ſe les approprient & les réduiſent en eſclavage. Les ſauvages ordinaires les maſſacrent, ſans les tourmenter. Les plus ſauvages des hommes les tourmentent, les égorgent & les mangent. C’eſt leur exécrable droit des gens.

Cette antropophagie a long-tems paſſé pour une chimère dans l’eſprit de quelques ſceptiques. Ils ne pouvoient ſe perſuader que le beſoin eût réduit aucune nation à la cruelle néceſſité de ſe repaître des entrailles de l’homme ; & ils croyoient encore moins qu’on ſe fût porté à cette atrocité ſans y être forcé par une privation abſolue de tous