Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/50

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miſſionnaires, qui, en haine du nom Portugais, étoient maſſacrés, ſe trouvoient auſſitôt remplacés par d’autres, qui n’avoient dans la bouche que les tendres noms de paix & de charité. Cette magnanimité confondit des barbares, qui jamais n’avoient ſu pardonner. Inſenſiblement ils prirent confiance en des hommes qui ne paroiſſoient les rechercher que pour les rendre heureux. Leur penchant, pour les miſſionnaires, devint une paſſion. Lorſqu’un Jéſuite devoit arriver chez quelque nation, les jeunes gens alloient en foule au-devant de lui, ſe cachant dans les bois ſitués ſur la route. À ſon approche, ils ſortoient de leur retraite, ils jouoient de leurs fifres, ils battoient leurs tambours, ils rempliſſoient les airs de chants d’allégreſſe, ils danſoient, ils n’omettoient rien de ce qui pouvoit marquer leur ſatiſfaction. À l’entrée du village étoient les anciens, les principaux chefs des habitations, qui montroient une joie auſſi vive, mais plus réſervée. Un peu plus loin, on voyoit les jeunes filles, les femmes dans une poſture reſpectueuſe & convenable à leur ſexe. Tous réunis, ils conduiſoient en triomphe leur père