Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/58

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ſes frères, sœurs, ou plus prochains. Vraiment, dit alors mon vieillard, à cette heure cognois-je que vous autres François êtes de grands fols ; car vous faut-il tant travailler à paſſer la mer pour amaſſer des richeſſes à ceux qui ſurvivent après vous, comme ſi la terre qui vous a nourris n’étoit point ſuffiſante auſſi pour les nourrir ? Nous avons des enfans & des parens, leſquels, comme tu vois, nous aimons ; mais parce que nous ſommes aſſurés qu’après notre mort, la terre qui nous a nourris les nourrira, certes nous nous repoſons ſur cela ».

VIII. Conquêtes des Holandois dans le Bréſil.

Cette philoſophie, ſi naturelle à des peuples ſauvages que la nature exempte de l’ambition, mais étrangère aux nations policées qui ont éprouvé tons les maux du luxe & de la cupidité, ne fit pas grande impreſſion ſur les François. Ils devoient ſuccomber à la tentation des richeſſes, dont la ſoif dévoroit alors tous les peuples maritimes de l’Europe. Les Hollandois, qui étoient devenus républicains par haſard, & commerçans par néceſſité, furent plus conſtans & plus heureux que les François dans leurs entrepriſes