Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/69

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quoi nous faire paſſer le Jourdain ? Dis Seigneur, étoit-ce pour nous livrer à l’Amorrhéen ?

Et moi, lorſqu’il s’agit d’un peuple immenſe, dans une vaſte contrée, je ne m’écrierai pas : Ne nous as-tu donné ces contrées que pour nous les ôter ? Si tu les deſtinois au Hollandois, que ne l’appellois-tu lorſqu’elles étoient incultes ? L’hérétique t’a-t-il rendu de ſi grands ſervices, & ſommes-nous ſi vils à tes yeux que tu nous aies tirés de notre contrée pour être ici ſon défricheur, pour lui bâtir des villes, pour l’enrichir par nos travaux ? Voilà donc le dédommagement que tu avois attaché dans ton cœur à tant d’hommes égorgés ſur la terre, & perdus ſur les eaux ? Cela ſera pourtant ſi tu l’as réſolu. Mais je te préviens que ceux que tu rejettes, que tu accables aujourd’hui, demain tu les rechercheras ſans les trouver.

» Job, écrasé de malheurs, conteſte avec toi. Tu ne veux pas, ſans doute, que nous ſoyons plus inſenſibles que lui. Il te dit : Puiſque tu as décidé ma perte, conſomme-la ; tues-moi, que je ſois inhumé & réduit en pouſſière ; j’y con-