Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/121

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les Zones tempérées, laiſſe moins d’action aux influences morales : les hommes s’y reſſemblent davantage, parce qu’ils tiennent tout d’elle, & preſque rien de l’art. En Europe, un commerce étendu & diverſifié, variant & multipliant les jouiſſances, les fortunes & les conditions, ajoute encore aux différences que le climat, les loix & les préjugés ont établies chez des peuples actifs & laborieux.

XVI. À quoi ſe réduiſoit anciennement le commerce dans la Guinée.

En Guinée le commerce n’a jamais pu faire une grande révolution dans les mœurs. Il ſe bornoit autrefois à quelques échanges de ſel & de poiſſon séché que conſommoient les nations éloignées de la côte. Elles donnoient en retour des pièces d’étoffe faites d’un fil, qui n’eſt autre choſe qu’une ſubſtance ligneuſe, collée ſous l’écorce d’un arbre particulier à ces climats. L’air la durcit, & la rend propre à toute forte de tiſſure. On en fait des bonnets, des eſpèces d’écharpes, des tabliers pour la ceinture, dont la forme varie ſelon la mode que chaque nation a adoptée. La couleur naturelle du fil eſt le gris lavé. La rosée qui blanchit nos lins, lui donne une couleur de citron que les