Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/126

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punir par l’eſclavage, non-ſeulement ceux qui avoient attenté à la vie ou à la propriété des citoyens : mais ceux qui ſe trouvoient hors d’état de payer leurs dettes, & ceux qui avoient trahi la foi conjugale ; Cette peine eſt devenue, avec le tems, celle des plus légères fautes, après avoir été d’abord réſervée aux plus grands crimes. On n’a ceſſé d’accumuler les défenſes, même des choſes indifférentes, pour accumuler les revenus des peines avec les tranſgreſſions. L’injuſtice n’a plus eu de bornes, ni de barrières. Dans un grand éloignement des côtes, il ſe trouve des chefs qui font enlever autour des villages tout ce qui s’y rencontre. On jette les enfans dans des ſacs ; on met un bâillon aux hommes & aux femmes pour étouffer leurs cris. Si les raviſſeurs ſont arrêtés par une force ſupérieure, ils ſont conduits au ſouverain qui déſavoue toujours la commiſſion qu’il a donnée, & qui, ſous prétexte de rendre la juſtice, vend ſur le champ ſes agens aux vaiſſeaux avec leſquels il a traité.

Malgré ces odieuſes ruſes, les peuples de la côte ſe ſont vus hors d’état de fournir aux demandes que les marchands leur fai-