Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/174

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de deux mille cinq cens lieues, & exige quatre-vingt-dix ou cent jours de navigation.

Indépendamment de ſa longueur, cette grande route emporte le temps favorable pour la traite & pour le retour. Les navires ſont ſurpris par les calmes, contrariés par les vents, entraînés par les courans ; l’eau manque, les vivres ſe gâtent, le ſcorbut gagne les eſclaves. D’autres calamités non moins fâcheuſes, ajoutent ſouvent au danger de cette ſituation. Les nègres du Nord de la ligne ſont ſujets à la petite-vérole, qui, par une ſingularité fort aggravante, ne ſe développe guère chez ce peuple qu’après l’âge de quatorze ans. Si cette contagion entre dans un navire qui eſt encore à l’ancre, il y a des moyens connus pour en affoiblir la violence. Mais un vaiſſeau attaqué de cette épidémie, s’il eſt en route pour l’Amérique, perd ſouvent toute ſa cargaiſon de nègres. Ceux qui ſont nés au Sud de la ligne rachètent cette maladie par une autre ; c’eſt une ſorte d’ulcère virulent, dont la malignité perce & s’irrite davantage ſur mer, ſans jamais guérir radicalement. La médecine devroit peut-être obſerver le double effet de