Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/185

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avec un fer chaud ſur ſes bras ou ſur ſes mamelles le nom ou la marque de ſon oppreſſeur. Une cabane étroite, mal-ſaine, ſans commodités, lui ſert de demeure. Son lit eſt une claie plus propre à briſer le corps qu’à le repoſer. Quelques pots de terre, quelques plats de bois, forment ſon ameublement. La toile groſſière qui cache une partie de ſa nudité, ne les garantit ni des chaleurs inſupportables du jour, ni des fraîcheurs dangereuſes de la nuit. Ce qu’on lui donne de manioc, de bœuf ſalé, de morue, de fruits & de racines, ne ſoutient qu’a peine ſa misérable exiſtence. Privé de tout, il eſt condamné à un travail continuel, dans un climat brûlant, ſous le fouet toujours agité d’un conducteur féroce.

L’Europe retentit depuis un ſiècle des plus ſaines, des plus ſublimes maximes de la morale. La fraternité de tous les hommes eſt établie de la manière la plus touchante dans d’immortels écrits. On s’indigne des cruautés civiles ou religieuſes de nos féroces ancêtres, & l’on détourne les regards de ces ſiècles d’horreur & de ſang. Ceux de nos voiſins que les Barbareſques ont chargé de