Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/193

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ſont obligés de jeter : mais il eſt ſans exemple qu’aucun d’eux en ait été attaqué de nouveau, lorſqu’il avoit été guéri radicalement. Les Européens ne prennent jamais, ou preſque jamais cette maladie, malgré le commerce fréquent, on peut dire journalier, qu’ils ont avec les négreſſes. Celles-ci nourriſſent les enfans blancs, & ne leur donnent point le pian. Comment concilier ces faits qui ſont inconteſtables, avec le ſyſtême que la médecine paroît avoir adopté ſur la nature du pian ? Pourquoi ne veut-on pas que le germe, le ſang & la peau des nègres, ſoient ſuſceptibles d’un venin particulier à leur eſpèce ? La cauſe de ce mal eſt peut-être dans celle de leur couleur : une différence en amène d’autres. Il n’y a point d’être ni de qualité qui ſoient iſolés dans la nature. Mais, quel que ſoit ce mal, il eſt prouvé que quatorze ou quinze cens mille noirs, aujourd’hui épars dans les colonies Européennes du Nouveau-Monde, ſont les reſtes infortunés de huit ou neuf millions d’eſclaves qu’elles ont reçus. Cette deſtruction horrible ne peut pas être l’ouvrage du climat, qui ſe rapproche beaucoup de celui d’Afrique,