Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/194

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& moins encore des maladies qui, de l’aveu de tous les obſervateurs, moiſſonnent peu de victimes. Sa ſource doit être dans le gouvernement des eſclaves. Ne pourroit-on pas le corriger ?

XXIII. Comment on pourroit rendre l’état des eſclaves plus ſupportable.

Le premier pas dans cette réforme, ſeroit d’apprendre à connoître l’homme phyſique & moral. Ceux qui vont acheter les noirs ſur des côtes barbares ; ceux qui les mènent en Amérique ; ceux ſur-tout qui dirigent leur induſtrie, ſe croient obligés par état, ſouvent même pour leur propre sûreté, d’opprimer ces malheureux. L’âme des conducteurs, fermée à tout ſentiment de compaſſion, ne connoît de reſſorts que ceux de la crainte ou de la violence, & elle les emploie avec toute la férocité d’une autorité précaire. Si les propriétaires des habitations, ceſſant de dédaigner le ſoin de leurs eſclaves ; ſe livroient à une occupation dont tout leur fait un devoir, ils abjureroient bientôt ces erreurs cruelles. L’hiſtoire de tous les peuples leur démontreroit, que pour rendre l’eſclavage utile, il faut du moins le rendre doux ; que la force ne prévient point les révoltes de l’âme ; qu’il

eſt