Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/195

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eſt de l’intérêt du maître, que l’eſclave aime à vivre ; & qu’il n’en faut plus rien attendre, dès qu’il ne craint plus de mourir.

Ce trait de lumière puisé dans le ſentiment, meneroit à beaucoup de réformes. On le rendroit à la néceſſité de loger, de vêtir, de nourrir convenablement des êtres condamnés à la plus pénible ſervitude qui ait exiſté, depuis l’infâme origine de l’eſclavage. On ſentiroit qu’il n’eſt pas dans la nature, que ceux qui ne recueillent aucun fruit de leurs ſueurs, qui n’agiſſent que par des impulſions étrangères, puiſſent avoir la même intelligence, la même économie, la même activité, la même force, que l’homme qui jouit du produit entier de ſes peines, qui ne ſuit d’autre direction que celle de ſa volonté. Par degrés, on arriverait à cette modération politique, qui conſiſte à épargner les travaux, à mitiger les peines, à rendre à l’homme une partie de ſes droits, pour en retirer plus sûrement le tribut des devoirs qu’on lui impoſe. Le réſultat de cette ſage économie, ſerait la conſervation d’un grand nombre d’eſclaves, que les maladies, causées par le chagrin