Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/233

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mieux que la diſpute avec celui qui plaide pour ſon intérêt contre la juſtice, contre ſa propre conviction ? J’en ai trop dit pour l’homme honnête & ſenſible ; je n’en dirois jamais allez pour le commerçant inhumain.

Hâtons-nous donc de ſubſtituer à l’aveugle férocité de nos pères les lumières de la raiſon, & les ſentimens de la nature. Briſons les chaînes de tant de victimes de notre cupidité, duſſions-nous renoncer à un commerce qui n’a que l’injuſtice pour baſe, & que le luxe pour objet.

Mais non. Il n’eſt pas néceſſaire de faire le ſacrifice de productions que l’habitude nous a rendues ſi chères. Vous pourriez les tirer de l’Afrique même. Les plus importantes y croiſſent naturellement, & il ſeroit facile d’y naturaliſer les autres. Qui peut douter que des peuples qui vendent leurs enfans pour ſatiſfaire quelques fantaiſies paſſagères, ne ſe déterminâffent à cultiver leurs terres, pour jouir habituellement de tous les avantages d’une ſociété vertueuſe & bien ordonnée ?

Il ne feroit pas même peut-être impoſſible d’obtenir ces productions de vos colonies, ſans les peupler d’eſclaves. Ces denrées pour-