Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/234

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ſoient être cueillies par des mains libres, & dès-lors conſommées ſans remords.

Pour atteindre à ce but, regardé ſi généralement comme chimérique, il ne faudroit pas, ſelon les idées d’un homme éclairé, faire tomber les fers des malheureux qui ſont nés dans la ſervitude, ou qui y ont vieilli. Ces hommes ſtupides qui n’auroient pas été préparés à un changement d’état, ſeroient incapables de ſe conduire eux-mêmes. Leur vie ne ſeroit qu’une indolence habituelle, ou un tiſſu de crimes. Le grand bienfait de la liberté doit être réſervé pour leur poſtérité, & même avec quelques modifications. Juſqu’à leur vingtième année, ces enfans appartiendront au maître dont l’atelier leur aura ſervi de berceau, afin qu’il puiſſe être payé des frais qu’il aura été obligé de faire pour leur conſervation. Les cinq années ſuivantes, ils ſeront obligés de le ſervir encore, mais pour un ſalaire fixé par la loi. Après ce terme, ils ſeront indépendans, pourvu que leur conduite n’ait pas mérité de reproche grave. S’ils s’étoient rendus coupables d’un délit de quelque importance, le magiſtrat les condamneroit aux travaux publics pour un tems plus