Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/249

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& de charge dont ils trouvoient l’uſage établi, ont tenté de leur ſubſtituer le chameau. Cette expérience faite autrefois ſans ſuccès au Pérou par les Eſpagnols, n’a pas été heureuſe & ne devoit pas l’être. Il eſt connu que le chameau, quoique naturel aux pays chauds, craint les chaleurs exceſſives, & qu’il peut auſſi peu réuſſir, auſſi peu ſe perpétuer ſous le ciel brûlant de la Zone Torride, que dans les zones tempérées. On auroit mieux fait de ſe tourner du côté du buffle.

Le buffle eſt un animal très-ſale & d’un naturel violent. Il a des fantaiſies bruſques & fréquentes. Son cuir eſt ſolide, léger, preſque impénétrable, & ſa corne propre à beaucoup d’uſages. On trouve ſa chair noire & dure, déſagréable au goût & à l’odorat. Le lait de la femelle eſt moins doux, mais plus abondant que celui de la vache. Nourri comme le bœuf, avec lequel il a une reſſemblance marquée, il le ſurpaſſe prodigieuſement en force & en viteſſe. Deux buffles enchaînés à un charriot, au moyen d’un anneau qu’on leur paſſe dans le nez, traînent autant que quatre bœufs des plus vigoureux, & en moitié moins de tems. Ils doivent cette double ſupé-