Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/248

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Il eſt bien extraordinaire qu’une idée ſi ſimple ne ſoit venue à aucun colon ; & qu’il n’y ait eu aucune légiſlation aſſez occupée de ſes intérêts pour ſubſtituer dans ſes établiſſemens le bœuf à boſſe au bœuf commun. Tous les gens inſtruits doivent ſe rappeler que le bœuf à boſſe a le poil plus doux & plus luſtré, le naturel moins lourd, moins brut que notre bœuf, & une intelligence, une docilité fort ſupérieures. Il eſt léger à la courſe, & il peut ſuppléer au cheval, puiſqu’on le monte. Il ſe plaît autant dans les contrées méridionales, que celui dont nous nous ſervons aime les zones froides ou tempérées. On ne connoît que cette race dans les iſles orientales, & dans la plus grande partie de l’Afrique. Si l’habitude prenoit moins d’empire qu’elle n’en a communément, même ſur les gouvernemens les plus éclairés, on auroit vu que cet animal utile convenoit ſingulièrement au grand archipel de l’Amérique, & qu’il n’y avoit rien de ſi aisé que de le tirer à peu de frais de la côte d’Or, ou de celle d’Angole.

Deux riches cultivateurs également frappés, l’un à la Barbade, l’autre à Saint-Domingue, de la foibleſſe des animaux de trait