Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/326

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L’homme ne ſouffre que parce qu’il ignore les moyens de faire ceſſer ſa peine. S’il languit dans le mal-aiſe, c’eſt par imbécillité. L’imaginer dans cet état brut, comme on le voit dans l’état policé, s’agitant, obſervant ſans ceſſe, & ſe portant à toutes ſortes d’eſſais, ce ſeroit une erreur groſſière. L’expérience prouve qu’il lui faut des ſiècles pour ſortir de ſa torpeur naturelle ; & que ſon induſtrie une fois captive, ſous une routine étroite & circonſcrite par le petit nombre de ſes beſoins, ne s’éveillera jamais d’elle-même. Quel eſt donc le moyen d’abréger la durée de ſon oiſiveté, de ſa ſtupidité, de ſa misère ? C’eſt de lui montrer des êtres actifs ; c’eſt de le mettre en communication ſuivie avec des peuples laborieux. Bientôt, il ouvrira des yeux étonnés. Il ſentira qu’il a des bras auſſi. Il aura peine à concevoir comment il ne s’eſt pas avisé plutôt d’en faire uſage. Le ſpectacle des jouiſſances qu’on obtient du travail lui inſpirera le déſir de les partager, & il travaillera. L’invention eſt le propre du génie. L’imitation eſt le propre de l’homme. C’eſt par l’imitation que toutes les choſes