Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/335

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prits un découragement, que les incurſions & l’établiſſement des François dans l’iſle, portèrent depuis au dernier période.

L’Eſpagne, uniquement occupée du vaſte empire qu’elle avoir formé dans le continent, ne fit jamais rien pour diſſiper cette léthargie. Elle ſe refuſa même aux ſollicitations de ſes ſujets Flamands, qui déſiroient vivement d’être autorisés à défricher des contrées ſi fertiles. Plutôt que de courir le riſque de leur voir faire ſur les côtes un commerce frauduleux, elle conſentit à laiſſer dans l’oubli une poſſeſſion qui avoit été importante, & qui pouvoit le redevenir.

IX. État actuel de la partie Eſpagnole de S. Domingue.

Cette colonie, à qui ſa métropole n’étoit plus connue que par un vaiſſeau médiocre qu’elle en recevoit tous les trois ans, avoit en 1717 dix-huit mille quatre cens dix habitans Eſpagnols, métis, nègres ou mulâtres. Leur couleur & leur caractère tenoient plus ou moins de l’Américain, de l’Européen & de l’Africain, en raiſon du mélange qui s’étoit fait du ſang de ces trois peuples, dans l’union naturelle & paſſagère qui rapproche les races & les conditions : car l’amour comme la mort, ſe plaît à les